dimanche 2 mars 2014

Mariem Ben Chaabane

Mariem Ben Chaabane



Mariem Ben Chaâbane, est incontestablement l'actrice qui a conquis tous les spectateurs pendant le Mois de Ramadan 2012 défiant ainsi toutes les prévisions des professionnels de la télé qui ont misé gros sur d'autres acteurs et actrices devenus au fil du temps de véritables icônes de notre petite lucarne. La réussite spectaculaire et peut être même inattendue de Mariem réside sans doute mais pas uniquement , dans son professionnalisme car elle a dans son bagage de quoi faire taire plus d'un envieux et séduire plus d'un producteur chevronné à l'instar de Sami Fehri qui l'a recrutée en lui confiant en plus de l'interprétation, la mission combien même délicate de coaching et de co-écriture.
Elle réside aussi dans son caractère de battante, de téméraire, d'engagée et de féline qui n'a peur de rien et de personne dans son carré de boxeuse attitrée qui pour défendre son moral et son intégrité physique est capable du pire crochet, digne des grands maîtres en la matière. Mais Mariem est une femme pleine de tendresse et d'amour de la vie. Elle est capable de vous écouter sans pour autant vous interrompre ou vous juger.

Le respect des différences et des libertés étant son crédo. Pour elle, l'enfer n'est pas toujours l'autre comme on a souvent tendance à le croire mais soi-même quand on oublie que l'autre c'est le prolongement de nous memes. Pour ceux qui ne la connaissent pas et qui n'ont pas pris la peine d'aller vers elle, Mariem est difficile à vivre, voire fo- folle. Mais pour les plus chanceux, ceux qui ont eu la chance de la connaître, elle est un tendre cœur qui vibre quand les autres sont heureux et qui s'attriste face à l'injustice et au malheur d'autrui. Si elle nous a fascinés au cours de ce Ramadan par son interprétation extraordinaire du personnage de Chakra dans Mektoub 3, elle nous réserve plein de bonnes et agréables surprises, car elle tient à sa réussite comme elle tient au challenge de porter encore plus haut la qualité de nos fictions.





Mariem Ben Chaabane

Mariem Ben Chaabane

Mariem Ben Chaabane

Mariem Ben Chaabane





Intervieuw : Vous avez acquis les téléspectateurs et les internautes qui vous ont élue en tête de notre sondage spécial stars de Ramadan. Parlez-nous de votre enfance et de votre prime jeunesse ?
Mariam Ben Chaâbane : Le souvenir le plus lointain que j'ai c'est que je suis née à la maternité de Wassila Bourguiba alors que le service était pratiquement fermé. On a recommandé à ma mère d'attendre le retour du staff pour me débarrasser du placenta sauf qu'elle n'a pas suivi leur recommandation malgré le fait qu'elle venait d'accoucher. Elle s'est débrouillée pour trouver de l'eau et elle m'a lavée en faisant preuve d'une grande combattivité et de courage. Pourtant elle venait de faire son premier pas dans ce noble voyage de la maternité. 
J'ai vécu ensuite une enfance heureuse à Franceville qui était mon quartier général, comme je l'ai annoncé dans une des séquences de « Casting », un extrait d'une pièce de théâtre que je compte créer et où je raconte mon enfance dans ce quartier. D'ailleurs, c'est de Franceville que je suis partie à la ville de France, à savoir Paris, capitale de la France et des arts. 

J'ai toujours été interrogative, mais chérie par des parents affectueux et généreux qui m'ont inculqué les ba ba de la vie. Toutefois je tiens à dire que j'ai toujours été inquisitrice, par rapport à la société notamment en ce qui concerne le système d'enseignement. Je me souviens quand j'étais à l'école maternelle, je bouffais les ballons et je faisais le pitre en me donnant en spectacle devant tout le monde. On m'ordonnait de me calmer et d'arrêter de faire l'intéressante et d'être turbulente. Ce qui me choquait en tant qu'enfant, c'était le fait qu'on me reprochait cela alors que c'était pour moi rien qu'une forme d'expression tout à fait innocente. Notre système d'enseignement ne considère pas le petit écolier comme un être qui apprend à s'exprimer, qui est souvent maladroit et qu'il faut lui montrer la voie avec des méthodes pédagogiques adaptées plutôt que d'utiliser la violence, quelle que soit sa forme. Je crois que c'est pour ça que j'ai atterri dans ce métier

Est-ce que nous pouvons déduire que cela vous a marquée?
Enormément. J'ai subi beaucoup de chocs et souffert de plusieurs aberrations de ce système notamment en ce qui concerne le profil littéraire de Mariem Ben Chaâbane qui adore la langue arabe. J'ai découvert en sixième année que je maitrisais cette langue mais hélas on ne m'a jamais passionnée parce qu'on s'exprime pas correctement et qu'il y a toujours des tabous et quand vous ne trouvez pas le mot qu'il faut, on se moque de vous, même les professeurs. On regarde l'enfant ou l'adolescent mais jamais ce qui se passe en lui ou ce qui produit cette turbulence et cette manière d'être. Bref, ce qui a marqué mon enfance, c'est l'incompréhension dans le cadre social. D'ailleurs, je remercie Dieu qui m'a donné des parents compréhensifs car je rentrais à la maison en courant avec plein de questions et quand on me disait non je demandais toujours pourquoi et on me répondait toujours. Mais je défendais ce en quoi je croyais en avançant des arguments et généralement, étant grande gueule, j'avais toujours le dernier mot.

Vous ne parlez pas de frère ni de sœur. Est-ce que vous êtes fille unique ?
Non pas du tout. J'ai un grand frère qui m'est très cher d'ailleurs et qui vit actuellement en France. Si on parle de ce qui a marqué mon enfance c'est aussi le fait que j'ai été le punching ball de mon frère. Il adorait me mettre des maillots de catch et m'apprendre à me défendre et à donner des coups. Ce n'était pas toujours agréable mais c'était rigolo. Je pense que mon frère est aussi mon modèle, j'ai beaucoup pris de lui, ce qui explique aussi mon côté garçon. Car étant jeune on a tendance à imiter le grand frère ou la grande sœur et ce n'est qu'après qu'on prend du recul, qu'on s'affirme en tant que femme et chacun s'exprime en partant de sa personnalité singulière. 

Pendant votre jeunesse, quel était votre rapport à la culture ?La culture est plurielle. Ma première curiosité fut la culture sportive. J'ai fait beaucoup de sport, depuis l'âge de cinq ans, notamment du tennis, de la natation, de la danse, du karaté et plus tard de la boxe; plus vieille, la Salsa... C'est le sport qui vous donne une certaine largesse d'esprit, de l'endurance et une certaine philosophie de la vie. Après le sport c'est les langues. Je suis passionnée de langues et d'ailleurs je suis qua-drilingue (j'ai perdu un peu mon italien) mais je maitrise plusieurs dialectes. J'ai toujours eu une curiosité vers les autres cultures. Depuis toute petite, ma maman me faisait écouter la grande cantatrice Om Koulthoum, le Blues avec Ray Charles etc...et mon père me faisait partager les comiques : Ismail Yacine, Choukoukou, Bourvil et Louis de Funès«.
A 7 ans j'ai assisté à la projection du film « Cyrano de Bergerac » avec Gérard Depardieu. Depuis toute petite j'étais éveillée et passionnée par ces gens et par leur manière de vivre et de s'exprimer d'une manière spectaculaire. Cette vie-là m'impressionnait et c'est en elle que je me retrouvais en comparaison à une société où l'expression était très très limitée, du moins par rapport au monde dans lequel je baignais. Quand j'ai grandi je disais que c'était une calamité que d’être trop consciente, de la vie, de soi…. parce que l'on souffre pour pouvoir s'imposer ou ne serait-ce que pour exercer le plus infime droit de s'interroger et de pouvoir vivre des expériences. Oui la culture pour moi se résume à la curiosité et l'ouverture vers l'autre, et l'autre ça peut être tout et n'importe quoi, un autre pays, une autre langue, d'autres activités, un autre plat, une autre cuisine, une autre tenue vestimentaire. J'ai toujours été curieuse de découvrir tout ce qui était différent de moi et de ce que j'ai déjà vu.

Vous avez suivi des études à la Sorbonne à Paris. Dans quelle discipline ?
Dans les arts du spectacle avec une spécialisation en théâtre. J'ai aussi fait des études de langues en consécration d'un don développé depuis mon jeune âge. D'ailleurs mes parents m'ont toujours dit qu'ils me voyaient plutôt interprète ou dans les métiers liés au commerce international. Mais moi ce qui m'a toujours attirée et intéressée c'est incontestablement le théâtre. J'ai fait les cursus de langues dans les moments où j'avais du temps perdu car il m'est arrivé d'enchaîner trois à quatre boulots à savoir la serveuse, la professeur de danse, la baby sitteuse ..

Comment vous avez donc vécu votre période parisienne et quelle a été son influence sur votre manière de voir le monde ?
Il y a eu des phases, je dirais. Vous savez, quand on part avec le rêve et l'élan de la jeunesse et de l'adolescence, on bouscule tous les obstacles par détermination et souvent, on est loin d'être conscient de la réalité des choses et de la vraie vie. Et moi, quand je suis partie à Paris, le pays de Molière et des lumières j'avais la naïveté et la fraîcheur d'un enfant tunisien. A 18 ans, un jeune occidental se pose plein de questions et il est déjà impliqué dans la société civile et dans la vie politique ou culturelle, ce qui n'est pas le cas d'un jeune Tunisien. Quand je suis arrivée à Paris, j'ai trouvé une autre réalité que celle véhiculée par la télévision. Et autre que celle que je pouvais imaginer à savoir, le fait que je suis étrangère, étrangère et arabe, le fait que je ne m'estime pas uniquement arabe mais plutôt plurielle. D'ailleurs je suis profondément marquée par « Les identités meurtrières » d'Amin Maalouf. 
J'ai découvert la pluralité et la diversité en France alors que j'ai souffert quand j'étais jeune du regard inquisiteur des autres qui n'acceptaient même pas ma façon de me vêtir différemment surtout que j'étais un peu fofolle. Mais dans cette grande diversité, j'ai constaté l'existence d'un système communautaire et donc de la ségrégation. Et moi je n'arrivais pas à trouver ma communauté en France et je ne savais pas à qui je pouvais m’identifier alors que je jalousais ma communauté arabo-musulmane. J'ai donc vécu ce dilemme. Je suis partie avec plein de rêves et 400 euros par mois, je me suis retrouvée très vite dans un système de survie : se nourrir, réussir ses études et surtout rendre compte à l'Etat des avancements des études pour pouvoir renouveler la bourse pour l'année d'après ainsi que la carte de séjour. J'ai très mal vécue cela par ce que j'ai vécu dans un milieu plutôt confortable avec trop de regards et en France j'étais complètement dans l'anonymat. On n'est personne et on peut passer inaperçue quoi que l'on fasse. C'est une très grande solitude, le petit point dans le vide. La France m'a forgé un caractère et au début ça été très dur, j'ai même eu des problèmes notamment de boulimie, mais après je me suis fait des muscles et j'ai appris à remettre beaucoup de choses en question et à ne pas prendre tout de fait, notamment ma religion dont je me suis écartée et j'y suis revenue avec beaucoup plus de conviction. J'ai appris à réfléchir indépendamment de toute pression et de tout héritage. J'ai appris à me forger un caractère et à prendre le risque de souffrir pour chercher la vérité, parfois aux dépens de mon moral, de ma santé mentale et physique..mais le parcours valait le coup car je pense que c'est ma vocation aujourd'hui, à travers le métier que je fais, de transmettre cette quête.

Et la boxe dans tout ça ?
Quand on fait du théâtre, on fait beaucoup d'effort et les bases des exercices de théâtre viennent des arts martiaux. Ceci m'a donné l'envie de découvrir spécifiquement des sports de combat et après, il y a eu l'envie de pouvoir se défendre en cas de besoin, surtout qu'il m'est arrivé en tant que jeune, vivant seule à Paris, de me faire agresser, on a voulu une fois notamment m'arracher les clés de mon appartement. Je me rappelle que j'étais dans la banlieue parisienne et qu'il y avait de la neige et que je me suis mise à courir et à pleurer à gros sanglots dans le métro et que tout le monde me regardait. J'étais en fait toute seule. C'est alors que j'ai décidé de prendre des cours de boxe pour me sentir rassurée. 
Ce qui m'a conduite à la boxe, c'est une peur, une envie de me défendre et être prête à attaquer quand il le faut, mais la boxe m'a donné la patience, l'endurance et la sérénité.

Vous avez été révélée à travers la série « Casting » dans le rôle de Dorra Mnawer. Comment, et grâce à qui ou à quoi, vous vous êtes introduite dans l’univers de la télé ?
C'est une très longue histoire. Je disais que j'ai passé 10 ans à Paris. Au début c'était une affaire de survie dans un milieu étranger. En 2007 j'ai eu ma licence. J'aurais pu continuer la recherche surtout que j'avais la passion pour cela. Mais c'était l'envie de devenir comédienne et scénariste qui était à l'origine de mon départ pour la France. Et vous savez pertinemment que notre métier ne pardonne pas en termes d'âge. J'étais donc face à un dilemme et je devais trancher et faire un choix et m'introduire dans le cercle des professionnels surtout que l'horloge tourne et ne s'arrête jamais. Mais sur un autre plan je ne voulais pas accepter n'importe quoi en Tunisie chose que j'aurais pu faire depuis longtemps. Mon objectif étant la qualité. C'est alors que j'ai commencé à faire des allers-retours entre Paris et Tunis. J'ai commencé par frapper à la porte de Ridha Béhi qui m'a fait des photos et puis Fadhel Jaibi qui m'a aidée dans mes recherches, surtout que son œuvre en était le sujet. Mais durant deux années d'allers- retours je n'ai pas récolté beaucoup de choses si ce n'est deux pubs et un court métrage qui ne me ressemblait pas beaucoup. Mais ce parcours m'a permis d'apprendre comment chercher et j'en suis arrivée au fait qu'il fallait rencontrer des assistants réalisateurs, chose qui m'a conduite à Mohamed Ali Mihoub connu pour son sérieux. Le jour où je devais rencontrer cet assistant réalisateur, le sort a voulu que je rencontre Sami Fehri qui m'a posé plein de questions sur mon cursus alors qu'il était en tournage de Mektoub. Il m'a fait un casting en direct d'une scène de Mektoub 2. C'est une belle histoire digne d'un film car après le tournage de ce casting les personnes sur le plateau ont vivement applaudi la prestation. C'était émouvant. Il m'a déclaré qu'il était pour la première fois agréablement surpris par un passager en me proposant un contrat pour l'année d'après pour ne pas gâcher a-t- il dit mon talent dans un petit rôle. A ce moment-là, nous avons même parlé d'écriture de scénario et de coatching d'acteurs.

Quel souvenir gardez-vous de ce travail ?Beaucoup de fatigue. Pour ce qui est du personnage, c'est la rencontre avec Sami Fehri qui a donné naissance à Dorra Mnawer qui n'est pas moi. Elle est beaucoup plus vulnérable sur certains plans, mais c'est une battante quand même. Mais je crois que c'est le fait que je sois une grande gueule et une combattante, qui a poussé Sami Fehri à me confier ce personnage qui me ressemble, par contre, dans son rapport à la société et au théâtre. Ce que j'en garde, c'est l'expérience de collaborer avec une équipe surtout quand on arrive d'un milieu différent, car il m'est arrivé d'entendre dire « le professionnalisme, il faut le laisser à Paris », d'autant plus que Sami m'a confié l'énorme responsabilité du coaching, ce qui était pour moi une énorme tâche car je suis très rigoureuse dans le travail et exigeante avec moi-même et avec les autres. 
Mais j'ai appris qu'au-del à des compétences, il faut avoir un savoir vivre et une forme d'humilité et de tolérance même face à la connerie et je crois que j'ai toléré beaucoup de conneries.

Vous avez campé par la suite le rôle de Chakra dans Maktoub 3. Que représente pour vous cette expérience ?
Sincèrement, je ne pense pas qu'il s'agit d'une expérience plus importante bien que Casting représente l'expérience de ma vie, le grand plongeon en Tunisie et le premier travail qui m'a révélée. Le rôle de Dorra Mnawer était conséquent mais je n'avais pas fait le travail médiatique nécessaire à sa promotion car ma priorité était d'assimiler toute l'expérience humaine autour du plateau avant de faire l'aventure des médias surtout que je ne me sentais pas assez mûre et musclée pour faire des révélations médiatiques. Je suis beaucoup plus mûre et musclée et plus sage aussi aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est la confirmation de la première impression de casting et c'est du coup un challenge de réussir le rôle de Chakra et de ne pas décevoir les gens.

Et maintenant comment vous évaluez Maktoub 3 ?Pour moi qu'il s'agit de Casting ou de Maktoub 3, il s'agit d'un walking progress. Mais je considère Maktoub 3 est comme une production révolutionnaire car on n'était pas dans la grande fable et le coup du théâtre mais dans un drame du quotidien. Un walking progess parce que je pense à une nouvelle phase dans la fiction télévisuelle tunisienne où l'on commence à comprendre qu'il y a drame, qualité, professionnalisme et business, et qui dit business dit packaging et qui dit packaging dit consommateur. Mais l'équation entre le packaging en termes d'esthétique et en terme de business ne font pas toujours bon ménage ...parce qu'on n'a pas toujours notamment les moyens humains nécessaires d'où la nécessité de trouver d'autres alternatives. D'où la nécessité d’un coach dont je me suis chargée à travers la formation notamment du personnage de Hamma Hamma qui a été ma plus grande expérience jusque-là.

Certains reprochent à Maktoub de vouloir briser certains tabous en prêchant par excès à l’instar de la scène d’ablutions de la petite et qui a choqué plus d’un. Qu’en pensez-vous ?
C’est un débat très intéressant. J'y ai répondu sur ma page officielle d’ailleurs mais pas beaucoup. Comme je l’avais dit je compose beaucoup avec Sami et j’étais farouchement pour cette idée de funérailles. A la base, notre propos est le pauvre et le riche, le vulnérable et le puissant et la place du vulnérable par rapport au puissant dans le contexte inhérent. Je devais rendre la parole à ceux qui en été privés. La question qui était posée était de savoir comment procéder et par quel moyen. On sait que ces gens là on existé en Tunisie et qu’ils existeront encore si on n’en parle pas et on ne les défend pas et je ne sais pas si je les ai assez défendus. Nous avons évoqué plusieurs tabous, l’injustice, la stérilité, et puis le destin avec l’absurdité de la mort. Mais à travers cette démarche Maktoub ne donne pas à voir les malheurs ou la mort mais donne à réfléchir sur les malheurs de toutes ces personnes qui n’ont pas droit à la parole. C’est aussi une démarche pédagogique sur la mémoire et sur le rituel tunisien car tout semble s’effriter à travers le temps, sans pour autant tomber dans le folklore et le voyeurisme. Donc choc oui, mais un choc de réanimation, une invitation à la réflexion dans le plaisir de la fiction.

Mais l’art n’est pas de reproduire la réalité !
Pas du tout. On va dire que l’art essaie de capter des moments suspendus de la réalité la plus brute et la plus parfaite dans cette vulgarité

Qu’est ce qui vous motive pour faire ce métier : la notoriété ou autres choses ?
Rendre l’expression et l’échange libres et réfléchis possibles, car en Tunisie aujourd’hui on est dans un stade où la simple expression est parfois impossible. Qu’il y ait dictature ou pas, il y a un travail profond à faire notamment sur le plan des mentalités...

Est-ce que le métier d’acteur est facile ou plus difficile aujourd’hui qu’avant ?

C’est l’un des métiers les plus difficiles au monde. On ne peut pas être acteur si on n’est pas généreux, si on n’est pas curieux, si on n’est pas très humain, si on n’as pas de défi ou d’insatisfaction, si on n’a pas de bagages de vie...

Quelle est votre réaction par rapport à ceux qui cherchent à empêcher les artistes de s’exprimer librement ?
Je n’admets pas aujourd’hui, en tant que citoyenne tunisienne que quoi que ce soit m’empêche de m’exprimer comme je le ressens sachant que j’ai passé dix ans à apprendre comment le faire artistiquement. Qu’il y ait des idées contraires c’est le but car c’est cela qui va faire avancer les choses et nourrir la réflexion et le débat sans pour autant tomber dans l’intolérance et le refus de l’autre.

En tant que femme êtes-vous confiante quant à l’avenir de la Tunisie d’après la révolution ?
C’est très délicat. En tout cas j’ai confiance en la femme tunisienne sans pour autant tomber dans les discours clichés. C’est un long parcours que de se forger un itinéraire et une personnalité et ce n’est pas quelque chose qu’on peut prendre à la légère. Je suis consciente que si un jour la femme tunisienne est menacée, elle sera la première à se défendre et à être la guerrière. Et comme je ne condamne personne, je refuse d’être condamnée pour mes idées ni pour mes choix dans la vie à partir du moment où mon expression dans le paysage public n’est pas utilisée à mauvais escient même si cela reste toujours relatif car on peut tout détourner. Il est impératif de recourir au dialogue car la violence engendre toujours le chaos.

Tout le monde s’accorde à dire que vous êtes la star de Ramadan. Comment vivez-vous cela ?
Comme une responsabilité et que je n’ai pas le droit à l’erreur. J’espère continuer dans le bon sens et donner le meilleur de moi-même. Mais dans le fond je sais qu’il ne s’agit que d'une étape et que j’ai encore du pain sur la planche...

Etre belle et célèbre, est-ce facile à porter ?
Cette question à propos de la beauté m’intimide un peu. Je remercie Dieu de m’avoir créée en bonne santé et relativement agréable, mais je n’ai jamais aimé la célébrité parce que je tiens farouchement à ma vie privée et à ma liberté dans un contexte social qui ne favorise pas la liberté. Mais elle reste malgré tout la rançon de la gloire et le baromètre de la réussite. La célébrité, je la vis donc comme elle vient, espérant qu’elle ne me dérangera pas trop.

Mariem et l’amour ?
C’est mon moteur, ma raison d’être

Mariem et la déception ?
( Silence)...Ma seconde nature ?

Mariem et la souffrance ?
C’est le quotidien

Mariem et l’avenir ?
J’espère faire des choses dans le théâtre pas nécessairement grandes. Je pense être une femme de théâtre, j’ai fait tout ce parcours pour pouvoir donner naissance à des créations que je ne pourrais pas faire toute seule. J’espère donc croiser les bons partenaires et faire de bonnes rencontres.




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